Formation de Formateurs

Lorsque j'ai rédigé cet article il y a quelques années, son contenu était parfaitement exact. Il documente un moment clé dans l'évolution de la formation que nous proposons aujourd'hui. Pour cette raison, j'ai choisi de le conserver tel quel. C'est la genese de notre collaboration franco-togolaise. 

Il est toutefois important de le replacer dans son contexte : la formation que je décris date de 2008. Ne soyez donc pas surpris que l'on y mentionne encore les points de compression. En France, l'abandon de cette technique a eu lieu fin 2007, seulement quelques mois avant la publication de cet article.

Par ailleurs, ces points de compression ne figurent plus dans les recommandations de l'American Heart Association ni de la Croix-Rouge américaine depuis 2010, car des méthodes plus efficaces ont été validées.

Aujourd'hui, nos cours ont aussi évolué. Ils suivent les dernières recommandations internationales, en se concentrant sur la compression directe sur la plaie, suivie du pansement compressif ou de l'utilisation d'un garrot en cas de besoin.

Un partenariat franco-togolais pour le développement du secourisme

C’est une hYvesistoire de solidarité, de partage de compétences et de vision à long terme qui a conduKoffiit la Protection Civile, en partenariat avec la Société de Médecine et Santé du Travail de l'Ouest (Smsto) et l’Association franco-togolaise de médecine du travail, à envoyer deux de ses membres, Alain GILARDI de Mayenne et Yves Dopsent de Vendée, au cœur de l'Afrique de l'Ouest. Leur mission ?

Former du personnel médical togolais à devenir à leur tour des moniteurs de secourisme, afin de créer un effet multiplicateur et de renforcer la sécurité des travailleurs sur l'ensemble du territoire.

L'initiative, fruit d'une collaboration entre le Dr Yves DOPSENT, de la Smsto, et le Dr KARA-PEKETI, médecin chef du Service National de Médecine du Travail (SNMT) au Togo, s'inscrit dans une logique de partenariat équilibré. Loin de l'assistanat, il s'agit d'un échange où la partie française apporte le soutien logistique et les connaissances pédagogiques, tandis que la partie togolaise assure l'ancrage local et la pérennité du projet.

Aprosat

Un contexte de grande nécessité

Alain et sylvie 1L'accueil d'Alain GILARDI et d'Yves Dopsent à Lomé, la capitale togolaise, par le Dr KARA-PEKETI, a permis de dresser un tableau précis des défis à relever.

Le SNMT et l’Association pour la PROmotion de la SAnté des Travailleurs (APROSAT) œuvrent au quotidien pour améliorer la santé des travailleurs. Le constat est sans appel : malgré une population de 5 millions d’habitants, dont 2,5 millions en âge de travailler, seulement 1,5 million d'individus exercent une activité professionnelle. Parmi eux, le secteur formel ne représente qu'une petite minorité, soit 4% dans le secteur privé et 2% dans les établissements publics, totalisant à peine 60 000 salariés. En parallèle, 10 000 travailleurs évoluent dans la zone franche de Lomé, et une écrasante majorité, 72%, est employée dans le secteur agricole, structuré autour de 8 000 coopératives. Le reste, soit 0,8 million de personnes, se trouve dans le vaste secteur informel.

Dans cet environnement complexe, la formation au secourisme est loin d'être généralisée. Le Dr KARA-PEKETI a souligné que seulement quelques centaines de personnes sont formées aux premiers secours, rendant toute initiative de formation vitale.

La formation : une réponse concrète et adaptée

AvouganLa formation s'est déroulée directement dans les locaux du SNMT à Lomé, en collaboration avec le Dr AVOUGLAN de l'ANIMST-T. Onze stagiaires, issus de sept entreprises différentes et incluant deux médecins de l’APROSAT, ont suivi ce programme intensif. Alain GILARDI a pu compter sur l'aide précieuse de Sylvie PANDAO, une infirmière et instructrice togolaise, dont la connaissance du terrain a été un atout majeur. La participation d'autres médecins a également enrichi les échanges et l'apprentissage. Tous les participants ont fait preuve d'un grand sérieux et d'une motivation sans faille.

La formation a été spécialement adaptée au contexte togolais. En raison du manque de financement, l'acquisition de défibrillateurs externes automatisés (DAE) n'est pas envisageable pour le moment. De plus, l’organisation des secours ne permet pas de se passer de techniques vitales comme les points de compression et le garrot. C'est pourquoi la formation a été basée sur le modèle de l'AFPS (Attestation de formation aux premiers secours), jugé plus réaliste et pertinent que le PSC 1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) pour le Togo.

(Voir l'article sur les paradoxes de l'emploi avec les chiffres 2025)

Des résultats prometteurs et un suivi essentiel

À l'issue de l'évaluation finale, huit des onze stagiaires ont été reçus. Ils peuvent désormais enseigner les gestes de premiers secours. Les trois personnes n'ayant pas été admises se verront offrir une seconde chance, avec des cours de rattrapage et une nouvelle évaluation. L'impact de cette formation ne s'est pas fait attendre : quelques semaines seulement après le retour en France, les nouveaux moniteurs ont déjà formé plus de 60 stagiaires.

Afin de pérenniser cette action, les Docteurs DOPSENT et KARA-PEKETI ont décidé de mettre en place un suivi annuel de cette nouvelle équipe de moniteurs. Grâce au relais de Sylvie PANDAO et des équipes médicales locales, l'objectif est d'instaurer une démarche de formation continue, à l’instar de ce qui se fait en France. Cette approche vise à garantir que les compétences restent à jour et que la qualité de l’enseignement est maintenue.

Un appel à la générosité et à la solidarité

Au-delà de la formation, ce partenariat s’étend à la recherche de matériel, tant pédagogique que médical. Le manque de moyens financiers est un obstacle majeur pour le développement du secourisme et des infrastructures médicales au Togo. C’est pourquoi un appel est lancé à la générosité de ceux qui pourraient faire don de matériel qui ne leur sert plus. La liste des besoins est longue et variée : des mannequins de réanimation et leurs consommables, des guides de moniteur, mais aussi du matériel médical plus lourd comme des lits d’hôpitaux, et du petit matériel tel que des tensiomètres, des stéthoscopes ou des otoscopes.

Le texte mentionne en exemple qu’un don de 100 kg de vaccins contre l’hépatite B a pu être acheminé lors du voyage, transporté gratuitement en soute dans des conteneurs réfrigérés. Ce “grain de sable” montre que chaque contribution, même modeste, peut avoir un impact significatif.

Cet effort collectif, mû par la volonté de développer le "prompt secours" et d'améliorer l'accueil médical, repose sur l'engagement de tous. Il illustre parfaitement la philosophie de la Protection Civile et de ses partenaires, qui est de transmettre des compétences plutôt que de simplement donner, afin de rendre les communautés autonomes face aux défis de la santé et de la sécurité.

(Vous pouvez faire des dons en matériel en passant par cette page)