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Bande photo repas

Resto

Le restaurant et son entrée, Ablam hésite...

Cuisine 1L'apatam servant de cuisine...
Cuisine 3... avec son fourneau et le faitout

Le ciel du Togo, d'un bleu d'encre qui s'étire à l'infini, nous a vus arriver, mes amis et moi, sur une route d'un rouge flamboyant. C'était la poussière du désert, le sable ocre du Togo, qui s'était incrusté partout, même dans nos pores. Le village, tout droit sorti d'une carte postale ancienne, s'est offert à nous, mais notre destination était plus précise : un restaurant.

La maison, avec son toit en tôle ondulée qui semblait tenir par habitude, était le cœur battant de ce lieu. Mais le cœur de la cuisine, lui, se cachait dans un apatam à l'air libre. Un toit de branchages tressés, soutenu par quatre poteaux, protégeait le trésor culinaire de la maîtresse de maison.

C'est là que le spectacle a commencé. Le four, fait de la même terre rouge que la route, crachait une chaleur sèche. À l'intérieur, dans une marmite, un ragoût mijotait. Lorsqu'il en est sorti, une odeur de légumes épicés, profonde et gourmande, a envahi l'air.

"Ce n'est pas pour vous", nous a-t-elle annoncé, un sourire dans la voix. "C'est pour les ouvriers. Et c'est très pimenté !" Une précaution bienveillante, car au Togo, le piment n'est pas une option, c'est l'âme de la cuisine. Il relève les plats, assainit les aliments, et transforme la plus simple des préparations en un festin.

Notre dîner, à nous, ce serait du porcelet. La cuisinière l'avait fait rôtir à la broche, et maintenant, il était là, découpé en morceaux généreux, dans un grand récipient en aluminium. C'était un peu comme un plat de partage, mais en version togolaise.

Assis à une petite table en bois, sur des bancs bancals, nous avons commencé notre repas. Avec la main droite, nous avons saisi les morceaux de porc, tendres et juteux. Il n'y avait pas d'assiette, pas de couverts. Le plat était le point de ralliement, le centre de l'univers, et nous y piochions à tour de rôle, dans le respect et l'amitié.

Kodjo, mon ami togolais, avait l'honneur de se servir en premier. La tradition veut que l'aîné soit le premier servi. J'ai plaisanté en lui disant que c'était son privilège d'ancien, mais il a ri. Entre nous, les rangs n'existaient plus. Notre amitié avait transcendé les codes de la politesse, laissant Ablam, un autre ami, un peu gêné, car lui avait la réserve et la politesse togolaise ancrées au plus profond de lui. (voir l'article sur les codes de respect lors des repas)

Ce repas, dans l'intimité de ce restaurant, a été une leçon de vie. Un moment de grâce, où la simplicité du partage a eu plus de saveur que n'importe quel mets raffiné. Nous étions trois enfants, assis sous un toit de branchages, à savourer le goût authentique du Togo.

Faitout

Un plat de légume et de ????, je ne pourrai pas le savoir

Plat

Le porcelet découpé, prêt à manger

Repas 3

Le repas selon les règles de l'Afrique de l'ouest

Decor

Dans une salle au décor somptueux

Cuisiniere 2

Je ne pense pas que notre cuisinière lira cette article, mais si nous le pouvions, nous lui dirions :

Nous tenons à vous exprimer notre plus sincère gratitude pour le délicieux repas que vous nous avez préparé. Nous sommes particulièrement touchés par l'attention que vous avez portée à nos besoins alimentaires. Étant Européen, il est vrai que je dois être vigilant face aux plats très épicés et aux conditions d'hygiène, et votre délicatesse a été grandement appréciée.

Nous avons également été impressionnés de découvrir que, en plus de préparer les sacs-repas pour les ouvriers, vous avez pris le temps de commander, de préparer, et de cuire le porcelet spécialement pour nous. Votre générosité et votre travail sont remarquables.

Merci encore pour votre accueil chaleureux et ce festin mémorable.

(Elle ne souhaitez pas être photographiée de face, voir l'article sur les photo)

L'ensemble des photos sont réalisées par A. Gilardi